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Rencontres-débats

"La coopération franco-africaine dans l'enseignement supérieur : situation et perspectives"

Après les deux premières rencontres-débats organisées à l'Académie des Sciences d'Outre-Mer par Fraternité Afrique le 14 décembre 2023 sur « Les relations de la France et l'Afrique » et le 18 novembre 2024 sur « La République Démocratique du Congo », le choix s'est porté sur « La coopération franco-africaine dans l'enseignement supérieur : situation et perspectives ».

L'objectif de ces rencontres-débats est de cerner au mieux la réalité des relations entre la France et l'Afrique dans des domaines privilégiés où se nouent ces relations. L'enseignement supérieur étant à l'évidence l'un de ces domaines privilégiés, il a paru intéressant de prendre comme objet d'analyser l'ensemble des relations qui se sont développées entre les établissements français et les établissements africains et de s'interroger sur l'avenir de ces relations.

La France a effectivement contribué à la mise en place de ces établissements africains dans les années 1958-1970 ; ils se sont structurés en s'inspirant du modèle français ; beaucoup des enseignants de ces établissements ont suivi des cursus de formation dans des universités françaises avec lesquelles ils ont souvent gardé des liens. Ajoutons que ce domaine a été pendant près d'un demi-siècle l'un des secteurs principaux d'intervention de la coopération française, notamment à travers la présence de nombreux « coopérants » (ce choix sectoriel en faveur de l'enseignement supérieur a souvent été critiqué par les instances internationales, type Banque Mondiale) et que les « accords interuniversitaires » établis entre les établissements africains et les établissements français sont anciens et nombreux. Ce domaine reste-t-il aujourd'hui un secteur privilégié d'intervention de la coopération de la France en Afrique au sud du Sahara ? Comment la situation présente se situe-t-elle par rapport à ce passé ? Observe-t-on sur le plan des politiques et des stratégies mises en œuvre du côté français des changements et des orientations notables ? Et qu'en est-il des moyens et des outils ? et des résultats ?

Pour tenter d'apporter quelques réponses à ces interrogations , il conviendra de se pencher d'abord sur les politiques mises en œuvre par les autorités françaises en charge de cette coopération et de préciser comment se sont traduites dans les faits les orientations politiques définies par le chef de l'état français, notamment dans le discours prononcé à Ouagadougou en novembre 2017 (« C’est pourquoi mon projet aussi est de contribuer à renforcer la présence de nos établissements ici, en lien et en partenariat avec vous. Renforcer vos établissements et vos cursus universitaires, c’est multiplier les partenariats, les échanges, les formations croisées, les doubles diplômes, qui répondront à vos attentes. J’ai demandé à mes deux ministres de travailler au doublement des partenariats universitaires que nous avons avec l’Afrique »).

Un dispositif opérationnel nouveau (avec notamment interventions de l'ANRS, de l'AFD, de FEI, ...) a par ailleurs été installé dans les années 2005-2010, en rapport avec la réforme de la coopération. Ce nouveau dispositif fonctionne-t-il de manière satisfaisante ? Qu'en pensent les acteurs, notamment les acteurs universitaires ?

Il faudra aussi que les responsables nous aident à décrypter la nature, les contenus et les objectifs (emploi ?) des programmes « nouveaux » élaborés depuis les années 2015/2020 qui rassemblent une part importante des moyens mobilisés pour développer cette coopération : l'analyse du programme ADESFA (Appui au Développement de l'Enseignement Supérieur Français en Afrique : 3 programmes successifs) financés par le Ministère des Affaire Étrangères (opérateur : France Education International) et du programme « Partenariats Académiques Afrique France » sur financement de l'Agence Française de Développement (le plus important de ces nouveaux programmes - 14 projets pour un financement de l'ordre de 50 millions d'euros) devront faire l'objet d'un examen précis.

En quoi ces « programmes » se différencient-ils des programmes mis en œuvre avant les années 1990/2000 ?

La « professionnalisation » des formations est le maître mot de ces programmes. Comment se manifeste-t-elle, notamment pour ce qui concerne les rapports entre les établissements d'enseignement et les entreprises ?

Quelle est enfin la place réservée aux autres formations sans rapport direct avec une profession, notamment dans le champ des Sciences Humaines ?

Bien entendu, des acteurs de projets seront sollicités pour décrire ces programmes, leurs conditions d'exécution, leurs résultats et les suites données à leur réalisation (projets ADESFA et projets PeA).

Ces multiples acteurs seront amenés à formuler un avis sur les projets qu'ils ont contribué à élaborer et à mettre en œuvre mais également sur le dispositif dans lequel s'est inscrite leur action. Une attention particulière devra aussi être accordée aux actions d'implantation des établissements français en Afrique (qui peuvent précéder ou suivre la réalisation des projets évoqués ci-dessus), qui est une des novations évidentes de l'intervention des établissements français en Afrique depuis les années 2000. Elles sont d'une grande diversité et se donnent un triple objectif :

1) mettre en place par co-construction des formations adaptées de haut niveau,

2) permettre aux étudiants africains d'obtenir sur place des diplômes français ou des doubles diplômes

3) réduire ainsi la fuite des cerveaux, un des objectifs clairement assignés à cette politique par les autorités françaises.

Ce mouvement, très directement lié à la volonté politique française de contribuer au « développement » des enseignements supérieurs des états partenaires, s'est notamment manifesté en Afrique de l'Ouest (Campus franco-sénégalais, Hub régional ivoirien). Les résultats de ces « campus » semblent controversés. Cette situation suscite des interrogations, ce qui a conduit le ministère français de l'enseignement supérieur et de la recherche à faire réaliser un rapport d'expertise sur ce sujet (Les « Franco-X », éléments pour une vraie ambition autour d'un outil en voie de réhabilitation » -Christophe EUZET (maître de conférences en droit) Avril 2024). Cette question importante pour l'avenir de l'implication en Afrique des établissements d'enseignement supérieurs français devra évidemment être abordée lors de la rencontre.

Au total l'objectif de cette rencontre est évidemment, au-delà de la description et de l'analyse de cette coopération franco-africaine, de permettre de confronter les intentions et les ambitions formulées par les autorités française (et les établissements) avec les réalisations et les résultats tels que les exposés et les débats de la rencontre permettront de les appréhender. De s'interroger aussi bien entendu sur l'avenir de la coopération française dans ce domaine ...

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La complexité du sujet, la multiplicité et la diversité des thèmes et des acteurs concernés paraissent impliquer de traiter la question en plusieurs séquences.

Il est proposé d'analyser l'ensemble de ces questions à partir de 4 séquences successives :

1) Une première séquence sera consacrée à la présentation des politiques, des programmes et des moyens mis en œuvre par les administrations (Ministères des Affaires Etrangères et Ministère de l'Enseignement Supérieur) et par l'Agence Française de Développement, qui ont la charge de la préparation et de l'exécution de l'ambitieux programme décidé par le gouvernement en 2017.

2) La seconde donnera au président de la 3ème section de l'Académie des Sciences d'outre-mer (Sciences juridiques, économiques et sociales), Jean du Bois de Gaudusson, l'occasion de faire part des réflexions et des interrogations de l'Académie sur la situation de ce domaine de coopération. Elle permettra aussi au représentant de la Conférence des Grandes Ecoles d'exprimer le point de vue de ce secteur important sur l'état et les perspectives de coopération de ces établissements en Afrique.

3) Une troisième séquence permettra la présentation, par les acteurs eux-mêmes, de projets de coopération engagés sur financements français soit directement par les administrations soit par l'intermédiaire de l'Agence Française de Développement (AFD) qui est devenue, depuis les années 2000, le premier bailleur de fonds de ce volet de la coopération entre la France et l'Afrique. Le programme comportera la présentation (avec le concours de FEI) de deux projets ADESFA (un projet Sciences Po Paris / Université de Cape Town et un programme concernant la Géothermie impliquant l'Université Cergy Paris et l'Université d'Addis Abeba).

Il comportera également l'examen d'un PeA (Partenariats Académiques Afrique France) mis en oeuvre sur financement de l'AFD (Projet Mad AtlaS, cartographie numérique impliquant l'Université Gustave Eiffel, l'IRD et l'université de Bordeaux pour la France et l'Université de Fianaransoa pour Madagascar)

4) La dernière partie concernera des projets réalisés par des établissements français sur d'autres financements que français, dans un autre contexte :

- Dans le cadre de l'AUF : avec les réalisations de la CITEF (Conférence Internationale de Formation des Ingénieurs et des Techniciens) qui seront présentées par Mme Dominique Gentile, Président de la CITEF et Patrick Bonnin, chef du Département « Systèmes Electroniques embarqués » de l'Université de Versailles.

- Sur financement européen, dans le cadre du Programme ERASMUS, que présentera et commentera un représentant de l'Agence ERASMUS + FRANCE

L'animation de la rencontre, présentation et régulation des débats, sera assurée notamment par le Professeur Bonaventure Mvé-Ondo (professeur de philosophie) et par Gérard La Cognata, vice-président de Fraternité Afrique.

M. Bonaventure Mvé-Ondo jouera également le rôle de Grand Témoin et fera part, au terme de la rencontre, de ses conclusions et de ses réflexions.

Le compte rendu de cette rencontre-débat figure dans le bulletin n° 11, consultable à la page "Archives" - "Bulletin".

L’association Fraternité-Afrique a organisé une rencontre-débat sur le thème des relations entre la France et l’Afrique

le jeudi 14 décembre 2023 de 15h30 à 18h à l’Académie des Sciences d’Outre-Mer

Pour mémoire

Une rencontre-débat sur la RDC a été organisée à l'ASOM le 28 novembre 2024.

Le compte rendu figure dans le bulletin spécial de janvier-février 2025.

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Pierre Jacquemot y a illustré son intervention avec quelques diapositives