POINTS DE VUE

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Remarques critiques de "Fraternité Afrique" sur l’interview de Vincent Duclert sur le France et le génocide rwandais figurant dans le numéro 518 d’avril 2024 de la revue « L’ HISTOIRE »

Trente ans après le génocide de 1994 au Rwanda : Communiqué de l'Institut François Mitterrand

Le budget 2024 : un renoncement à la solidarité internationale ? par Pierre Jacquemot

Afrique-France : vers un nouvel élan ? par Eric Topona - 27 février 2024

Réflexions sur quelques chiffres après la rencontre-débat sur le rapport d'information parlementaire Tabarot/Fuchs par Pierre Auffret

Remarques critiques sur l’interview de Vincent Duclert sur le France et le génocide rwandais figurant dans le numéro 518 d’avril 2024 de la revue « L’ HISTOIRE »

Les points de vue formulés par M Vincent Duclert dans l’interview intitulé« Rwanda 1994 face au crime » dans les pages 44 à 53 d’avril 2024 de la revue L’HISTOIRE appellent de sérieuses réserves.

Elles ont déjà été exprimées (mais ignorées par l’ensemble des médias) par de nombreux connaisseurs des affaires rwandaises (français mais aussi belges , américains) lors de la sortie du rapport « La France, le Rwanda et le génocide des Tutsi (1990-94) » remis au président de la République française le 26 mars 2021 par Vincent Duclert, président de la commission de recherche sur les archives françaises relatives au Rwanda et au génocide des Tutsi.

Lors de sa remise à Kigali le 9 avril 2021, en grande pompe, par cet universitaire français, au président Paul Kagamé, celui-ci a exprimé sa satisfaction. ( «Aujourd’hui, nous saluons ce rapport qui marque un pas important vers une compréhension commune de ce qui s’est passé » 7 avril 2021).

Vincent Duclert ne fait que reprendre dans cet interview à la revue l'HISTOIRE les principales analyses et conclusions de ce rapport. Il nous parait donc impératif de rappeler ces réserves que l'on peut résumer en 4 points :

1. Ce rapport est un rapport « politique »,répondant à une demande de la Présidence de la République. Son l'objet est clair, satisfaire une demande rwandaise de reconnaissance par la France de ses responsabilités dans le génocide, condition d'un renforcement de la coopération entre les deux pays souhaité par Paris.La démarche de Vincent Duclert allant remettre le rapport en mains propres à Paul Kagame et le discours prononcé par Emmanuel Macron dans la foulée à Kigali l'attestent de façon éclatante ( « ce jour je viens reconnaître l'ampleur de nos responsabilités » discours en Mai 2021 ) ....

2. L'idée même d'aller chercher dans une partie des archives françaises des réponses aux questions posées par un travail d''historiens qui ignorent tout du contexte historique, géographique, politique et sociologique du pays alors que les acteurs principaux du drame sont vivants est proprement, au plan de la méthode, stupéfiante...contraire à toutes les règles d'une expertise qui ne peut se limiter, pour des faits contemporains , à un travail de scribes...

3. Le rapport de plus de 990 pages n'est pas sans intérêt mais outre le fait qu'il met en exergue de manière caricaturale des faits et des interprétations douteuses qui ont pour objet d'accabler le Président Habyarimana et un Mitterrand caricaturé, il passe totalement sous silence , on soupçonne pourquoi…, le rôle et les responsabilités du FPR de Paul Kagamé qui sont évidentes, pour tous ceux qui ont un minimum de connaissance du sujet.

4. Enfin, dernier point essentiel, les conclusions péremptoires et fort sévères vis à vis de la France assénées, en quelques slogans , dans le rapport et dans l'interview sont totalement décalées par rapport aux conclusions auxquelles conduit une lecture attentive et sérieuse du rapport …Tous ceux qui ont lu le rapport s'en étonnent …s'en scandalisent...

Des réserves sérieuses donc mais aussi l'espoir, et la quasi-certitude, que ces aménagements de la vérité historique, clairement dictés par des considérations géopolitiques, ne pourront pas résister longtemps, pour l'ensemble des acteurs , à l'épreuve du temps...

Communiqué de l’Institut François Mitterrand

Paris, le 7 avril 2024

Le 4 avril 2024, des conseillers de l’Elysée ont informé la presse du fait, qu’à l’occasion du trentième anniversaire du génocide des tutsis au Rwanda (800 000 à un million de morts), le Président de la République allait s’exprimer dans une vidéo pour dire que « la communauté internationale avait les moyens de savoir et d’agir » et que « la France, qui aurait pu arrêter le génocide avec ses alliés occidentaux et africains, n’en a pas eu la volonté. » Dans la vidéo diffusée ce dimanche 7 avril à Kigali, le Président de la République n’a en aucune manière confirmé, ni démenti ces propos. Cette communication hasardeuse, ainsi que l’absence de démenti clair, sont de nature à créer de la confusion sur la position du Président.

Au-delà de la prétendue « responsabilité accablante de la France dans un engrenage qui a abouti au pire » – chose hautement contestable qu’il reconnut à Kigali en 2021 et qu’il confirma ce 7 avril 2024 –, considère-t-il, lui aussi, que la France avait les moyens d’arrêter le génocide mais qu’elle n’en a pas eu la volonté ? Si tel est le cas, il n’est pas inutile, pour mesurer la gravité de cette position, de rappeler ce que fut l’action des autorités, politiques et militaires, de notre pays pendant cette tragédie et de la mettre en regard avec ce que fut l’attitude des institutions internationales et celle des autres pays, occidentaux ou africains, alors.

En 1990, la France, seule, comprit qu’un génocide au Rwanda était possible. Dès cette époque, son action fut guidée par la volonté de prévenir une catastrophe comparable à celle de 1994, ce que reconnaît d’ailleurs le rapport Duclert.

C’est la raison pour laquelle, le 1er octobre 1990, l’armée française intervint afin éviter que l’offensive du FPR de Paul Kagamé menée depuis l’Ouganda ne renversât le gouvernement internationalement reconnu et ne déclenchât une guerre civile, ainsi que des massacres ethniques comparables à ceux qui survinrent lors de l’indépendance de la tutelle belge en 1962. Une fois l’offensive bloquée, elle imposa au Président rwandais Juvénal Habyarimana, pourtant vainqueur, qu’il s’engageât dans la recherche d’un compromis avec le FPR. Ceci aboutit à la signature des accords d’Arusha le 4 août 1993, accords qui furent salués par tous et reconnus favorables à la minorité tutsie, qui bénéficia alors d’une représentation égale au sein des instances politiques et militaires.

À l’automne 1993, les troupes françaises, présentes depuis 1990, se retirèrent du Rwanda à la demande du FPR de Paul Kagamé. La supervision de la mise en œuvre des accords d’Arusha fut donc assurée par la MINUAR, mission onusienne créée le 5 octobre 1993 par la résolution n°872 du Conseil de sécurité et composée de 2500 casques bleus, belges et bangladais, placés sous l’autorité d’un général canadien. En dépit des accords et du déploiement de cette mission, les franges extrémistes des deux camps continuèrent d’attiser les tensions, ce qui aboutit le 6 avril 1994 à l’attentat contre l’avion du Président Juvénal Habyarimana – l’objectif des auteurs de l’attentat, qu’ils furent des extrémistes hutus ou du FPR, était de mettre définitivement en échec le processus d’Arusha voulu par la France –,  le 7 avril à l’assassinat du Premier ministre, une hutu modérée, ainsi que de dix soldats belges de la MINUAR chargés de sa protection, par les soldats du gouvernement et au déclenchement général du génocide.

Dans ce contexte, la Belgique, ancienne puissance coloniale, préféra retirer ses troupes, ce qui réduisit de fait le contingent de la MINUAR à 270 soldats le 21 avril 1994. La France, complètement retirée depuis l’automne 1993 à la demande du FPR, s’interrogea sur l’opportunité de revenir au Rwanda. En 2021, Edouard Balladur rappela que le Président Mitterrand et lui-même, alors Premier ministre de cohabitation, furent hostiles à une intervention militaire en dehors de tout cadre onusien, au risque que la France fût perçue comme une puissance néocoloniale prenant partie dans une guerre civile et que la situation s’aggravât de ce fait. Ils furent toutefois résolus à conduire une opération sous l’égide de l’ONU. C’est la raison pour laquelle, aux mois de mai et de juin 1994, la diplomatie française, conduite par Alain Juppé, se mobilisa au Conseil de sécurité pour que fût votée une résolution en ce sens, ce que les États-Unis bloquèrent jusqu’au 22 juin 1994. Dans ses mémoires, Madeleine Albright, alors ambassadrice à l’ONU, jugea que ceci était « le plus grand regret de sa carrière », signe qu’un vote dès le mois de mai, comme le demandait la France, aurait pu être décisif pour endiguer les massacres. En tout état de cause, à compter du 22 juin 1994, la France conduisit quasiment seule l’opération Turquoise. Elle fut composée de 2500 de militaires français et de 500 militaires africains, pour la plupart sénégalais. La résolution n°929 votée le 22 juin 1994 par le Conseil de sécurité imposa aux militaires de l’opération d’en aucun cas constituer « une force d’interposition » et de cantonner cette opération « strictement humanitaire » au sud-ouest du Rwanda. Le rapport Duclert a reconnu que cette opération permit de sauver des milliers de tutsis menacés d’extermination et, à cet égard, aucune des accusations, y compris pénales, mettant en cause les militaires français n’a perduré.

Si, comme ses conseillers le rapportent, le Président juge que la France, avec ses alliés, aurait pu arrêter le génocide mais qu’elle n’en a pas eu la volonté, nous l’engageons à répondre aux questions suivantes. Que la France aurait-elle pu faire de plus ou de mieux ? Ignore-t-il délibérément la volonté qu’eurent François Mitterrand et Édouard Balladur de l’engager, même seule, dans une opération humanitaire visant à sauver des vies, ainsi que les efforts qu’Alain Juppé déploya aux mois de mai et de juin 1994 pour obtenir le vote du Conseil de sécurité ? Qui veut-il mettre en cause au sein de la « communauté internationale » et pour quels motifs ? Les États-Unis pour avoir bloqué le vote d’une résolution voulue par la France au moment où une opération humanitaire était la plus utile ? La Belgique et l’ONU pour avoir retiré leurs troupes prématurément ? Quels alliés africains le Président vise-t-il précisément ? L’Afrique du Sud de Nelson Mandela qui approuva l’action de la France dès 1994 ? Les dirigeants de l’Organisation de l’unité africaine qui échouèrent à maintenir la paix civile au Rwanda ? Pour lever l’ambiguïté créée par une communication imprudente, il nous semble indispensable que le Président de la République apporte des réponses à toutes ces questions. Il en va de la crédibilité de la France sur la scène internationale.

Jean Glavany

Président de l’Institut François Mitterrand

Le budget 2024 : un renoncement à la solidarité internationale ?

 L’annonce faite le 18 février 2024 par Bruno Le Maire, d’une coupe de 742 millions d’euros dans le budget de la solidarité internationale est une remise en cause de la loi de programmation « développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales » du 4 août 2021. Adoptée à l’unanimité par les parlementaires, elle prévoyait une montée progressive des montants de l’aide publique au développement pour arriver à 0,7% du revenu national brut en 2025.

Coordination SUD, la plateforme nationale des ONG françaises, vient de déclarer dans une tribune que « les conséquences d’une telle annonce pèsent avant tout sur les populations qui vivent en situation de pauvreté et d’assistance humanitaire dans le monde ».

L’aide au développement est affectée de manière disproportionnée par cette coupe budgétaire.Elle correspond à une baisse de 12,5 % du budget qui avait été fixé à 5,9 milliards d’euros dans la Loi de finances de 2024. L’instrument vital pour des millions de personnes se voit dix fois plus amputé que la moyenne des autres missions budgétaires.

Outre les contributions volontaires de la France à des programmes internationaux, les lignes budgétaires impactées concerneront les pays touchés par des coups d'États en Afrique, et les opérations de l'Agence française de développement.

Le gouvernement français s’était félicité il y a deux ans d’être devenu le quatrième plus gros bailleur international derrière les États-Unis, l'Allemagne et le Japon. Son ambition avait été confirmée au Sommet pour un Nouveau pacte financier mondial de juin 2023,  déclarant qu’aucun pays vulnérable ne devrait avoir à choisir entre lutte contre les impacts du changement climatique et lutte contre la pauvreté. Par la suite, en catimini, le gouvernement pendant l’été 2023, a repoussé l’atteinte de cet objectif à 2030, à l’occasion du Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (CICID).

Le coup de rabot budgétaire se traduit par l’annulation de multiples projets qui auraient permis de répondre aux crises humanitaires et climatiques, de garantir la protection des droits humains; d’assurer un accès à l’eau, à la santé, à l’alimentation, à la protection sociale et à l’éducation, ou de soutenir les sociétés civiles dans les pays pauvres

Cette décision ne rejoint pas l’avis des Français. En octobre 2023, 61 % d’entre eux interrogés par Focus 2030 se déclaraient en faveur d’une hausse ou d’un maintien du budget consacré à l’APD.

 

Pierre Jacquemot

22 mars 2024

 

Dans la Revue politique et parlementaire

Afrique-France : vers un nouvel élan ?

Par Eric Topona - 27 février 2024

Nommé le 6 février, Jean-Marie Bockel, l’envoyé personnel d’Emmanuel Macron pour l’Afrique était en visite en Côte d’Ivoire le 20 et 21 février dernier. Au menu : rencontres avec des officiels, mais aussi discussion autour de la réduction des effectifs au sein de la base militaire française.

« Aujourd’hui, devant vous, je veux signer l’acte de décès de la Françafrique. Je veux tourner la page des pratiques d’un autre temps, d’un mode de relations ambiguës et complaisantes, dont certains, ici comme là-bas, tirent avantage, au détriment de l’intérêt général et du développement. »

Au regard de la vigueur de ce réquisitoire et de la percussion des mots choisis pour décrier les dérives de la Françafrique, cette relation viciée entre une partie de l’establishment français et les anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne, on croirait lire un pamphlet rédigé par les pourfendeurs les plus résolus de la Françafrique au sein de certaines oppositions radicales en Afrique.

C’était le 15 janvier 2008. Jean-Marie Bockel, alors secrétaire d’État à la Coopération et à la Francophonie, recevait les vœux du personnel de son département ministériel. Le ministre de Nicolas Sarkozy au sein du premier gouvernement de François Fillon s’était alors livré à une mise en accusation sans concession d’un système de compromissions et de prédation dans les relations franco-africaines qu’il se proposait de liquider.

Mais la Françafrique n’avait pas dit son dernier mot. Le nouveau ministre eut à peine entamé le déploiement de sa feuille de route qu’il fut dessaisi du portefeuille de la coopération et de la francophonie. Après Claude Cheysson, ministre des Relations extérieures de François Mitterrand, après la présidentielle victorieuse de 1981, dont la volonté de réforme sur ce terrain glissant de la diplomatie française avait été renvoyée aux calendes grecques, la Françafrique venait d’avoir raison de la volonté et des ambitions réformatrices de Jean-Marie Bockel.

En revanche, l’avenir lui aura donné raison. Il y a d’ailleurs lieu de se demander s’il s’agira, pour les missi dominici de Macron, de sauver les meubles, ou d’impulser enfin des réformes qui auraient dû l’être depuis plusieurs décennies.

En effet, depuis 2008, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts des relations franco-africaines ; et le contexte géopolitique de la mission de Jean-Marie Bockel est en proie à de profondes mutations, voire à une tectonique des plaques qui était alors inimaginable il y a quinze ans. Ils sont fort lointains, les moments d’euphorie où François Hollande et les forces françaises étaient accueillis en libérateurs à Bamako en 2013, alors dans la ligne de mire des groupes terroristes islamistes du nord du Mali.

La mission actuelle de Jean-Marie Bockel sera d’autant moins une sinécure qu’il y a eu, de la part des différents exécutifs français, des retards considérables à l’allumage dans le train des réformes qui auraient dû être entreprises pour donner un visage nouveau et moderne aux relations franco-africaines.

Les différents exécutifs qui se sont succédé à l’Élysée, depuis Jacques Chirac jusqu’à Emmanuel Macron, ont quasiment tous, paradoxalement, utilisé les mots justes pour nommer les choses telles qu’elles doivent l’être, autrement dit les voies de la refondation.

Tous, ils n’ont eu de cesse de relever, à juste titre, soit à l’occasion de leurs déplacements en Afrique ou à l’occasion des sommets Afrique-France, à l’instar du sommet atypique et inédit de Montpellier (qui s’est déroulé le 8 octobre 2021) entre la France et les sociétés civiles d’Afrique subsaharienne francophone, à l’initiative d’Emmanuel Macron, de faire le constat du profond renouvellement démographique en cours en Afrique.

D’une part, ces mutations générationnelles s’accompagnent d’un regard indigné des peuples africains qui désapprouvent une relation asymétrique entre un État occidental et leurs pays qu’ils estiment pourtant souverains. D’autre part, les exécutifs français ont donné l’impression de préserver les intérêts de leurs classes dirigeantes, coupées du peuple, parce que assurées dans nombre de ces pays de se maintenir au pouvoir, grâce, entre autres, à une présence militaire française tout aussi surannée qu’envahissante.

Or, au sein du Parlement français, des rapports d’information, richement documentés, ont été commis pour alerter les exécutifs au sujet d’un état d’esprit que certaines analyses tiennent pour un “sentiment anti-français”.

Déjà en 2013, Jean-Marie Bockel, alors sénateur, avait commis, pour la chambre haute et avec la sénatrice Jeanny Lorgeoux, un rapport intitulé “L’Afrique est notre avenir”. En novembre 2023, une mission d’information conduite par les parlementaires Bruno Fuchs et Michèle Tabarot, a commis un rapport dans la même optique. Force est de constater que ces missions d’information, une fois leurs conclusions débattues au Parlement, ne donnent pas lieu à des missions de suivi dans leur exécution.

Jean-Marie Bockel arrive en mission dans une Afrique où, nulle part dans les anciennes colonies françaises d’Afrique subsaharienne francophone, au moment où il affichait sa volonté de réforme, n’existait de présence militaire russe. En 2024, non seulement elle est omniprésente, mais, dans certains États, comme le Mali ou la RCA, elle tient même des positions hégémoniques parce que l’armée française a plus ou moins plié bagage, parfois sous la pression populaire.

Face à cette nouvelle donne, que fera le chef de l’État français des conclusions que lui remettra son envoyé personnel Jean-Marie Bockel au mois de juillet prochain ? Emmanuel Macron sera alors à trois ans de la fin de son second et dernier mandat.

Il faut d’ores et déjà relever, contrairement à un discours fort répandu dans l’espace médiatique français comme dans une frange de sa classe politique, que ce n’est pas la présence française qui pose problème dans les pays de son ancien pré carré. Mais il s’agit, pour la France, d’être présente autrement.

Or, la France a longtemps donné le sentiment d’un profond déphasage entre les valeurs qu’elle promeut et les politiques qu’elle mène à l’endroit des ressortissants de ces pays africains. À titre d’exemple, la récente « loi immigration », en France, a durci de manière drastique les conditions d’études des étudiants étrangers, comme aucune autre loi sur ce registre dans le passé.

Ce pan de cette loi, quoique retoqué par le Conseil constitutionnel, n’a pas manqué de surprendre et d’indigner jusqu’au sein des milieux universitaires hexagonaux. Comment la France peut-elle vouloir relancer la Francophonie pour faire reculer les tropismes russophiles ou sinophiles en Afrique et, dans le même temps, éloigner des espaces de partage des savoirs et de convivialité les futures élites des pays d’Afrique francophone ?

L’incompréhension et l’indignation furent d’autant plus grandes que, fin octobre 2023, le chef de l’État français inaugurait la Cité de la langue française dans le château restauré de Villers-Cotterêts (Aisne), son grand projet culturel lancé en 2017 autour de la figure emblématique d’Alexandre Dumas (écrivain français né le 24 juillet 1802 à Villers-Cotterêts et mort le 5 décembre 1870 au hameau de Puys, ancienne commune de Neuville-lès-Dieppe).

Il est impérieux que la présence française en Afrique trouve enfin le chemin de la lisibilité, de la cohérence et d’une nécessaire adéquation à une Afrique en profonde mutation.

Vivement !

Éric Topona Mocnga
Journaliste au service Afrique de la Deutsche Welle

Réflexions sur quelques chiffres après la rencontre-débat sur le rapport d'information parlementaire Tabarot/Fuchs

par Pierre Auffret

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